Histoire de la sonnerie « aux morts »

 

Toute cérémonie à la mémoire des hommes et des femmes tombés dans un conflit armé comporte, en sa phase essentielle de recueillement, une sonnerie exécutée au clairon ou à la trompette quand retentit le commandement: "Aux Morts", Histoire d'une tradition.

Chacun connaît cette émouvante sonnerie de 3 minutes 50 qui manifeste le signal du recueille­ment dans les grandes cérémonies mémorielles,

tout en servant de prélude à la minute de silence. Elle témoigne d'une pensée reconnaissante à l'égard de tous ceux qui ont donné leur vie pour la France et invi­te à se souvenir de ceux que les combats et attentats ont handicapés définitivement. Ce que l'on ignore par­fois, c'est que cette sonnerie a une histoire. Bien que son utilisation soit postérieure au premier conflit mon­dial, elle trouve son origine durant la guerre de séces­sion qui opposa, aux États-Unis d'Amérique, les armées du Nord (Union) à celles du Sud (Confédération) dans la deuxième moitié du XIXe siècle. En 1862, l'armée de l'Union affrontait, près de Harrison's Landing enVirginie, celle de la Confédération sudiste. Une nuit, le capitaine Robert ELLICOMBE, officier de l'Union, entendit les gémissements d'un soldat grièvement blessé. Sans se soucier de son appartenance à l'une ou l'autre armée, il décida, au péril de sa vie, d'aller le chercher afin qu'on lui procure des soins médicaux. En rampant sous les tirs incessants, il parvint à le ramener dans son camp. Arrivé dans ses positions, il s'aperçut que c'était un ennemi. S'éclairant alors d'une lanterne, il constata qu'il était mort et reconnut, oh stupeur son propre fils ! Lorsque la guerre éclata, ce dernier, qui étudiait la musique dans le sud, s'était engagé dans l'armée de la Confédération sans le dire à son père. Le lendemain matin, celui-ci, le cœur brisé, demanda à ses supérieurs la permission d'organiser des funérailles militaires en l'honneur de son fils et il requit la participation de la musique de l'unité. L'autorisation lui fut accordée. Le capitaine choisit alors un bugle et demanda au musicien chargé de la cérémonie de jouer une suite de notes trouvées sur un morceau de papier dans la poche du jeune soldat. C'est cette poignante mélodie qui, inter­prétée en France et à l'étranger sous des versions voi­sines, est à l'origine de la Sonnerie "Aux Morts". Chez nous, elle ne fut connue qu'après la Première Guerre Mondiale lorsque s'est développée la volonté de rendre un hommage national aux combattants morts pour la France. Notamment, à travers la désignation du Soldat Inconnu, la flamme éternelle sous l'Arc de Triomphe avec ravivage quotidien et l'érection, partout en France, de monuments aux morts.

Dans ce contexte, c'est le général GOURAUD, qui, voyageant en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis et ayant entendu de poignantes sonneries au bugle "Last Post", ''Taps'' ... en hommage aux combattants de ces pays, eut l'idée de s'en inspirer, en faisant composer une telle sonnerie par le commandant DUPONT, chef de la musique de la Garde Républicaine. Celle-ci reten­tit pour la première fois sous l'Arc de Triomphe le 14 juillet 1931, en présence d'André MAGINOT, ministre de la Guerre.

 

La même année, sa version à la trompette de cava­lerie fut exécutée à EVREUX, lors d'un gala d'escrime présidé par le ministre de la Marine et un musicien du 7e régiment de chasseurs à cheval. L'année suivante, 14 juillet 1932, Paul BONCOUR, ministre de la Guerre, très ému par la mélodie, proposa qu'elle soit inscrite dans le déroulement des cérémonies commémoratives mili­taires. A ce titre, comme les monuments et autres lieux de mémoire, elle appartient au patrimoine commémora­tif de la nation.

Colonel Monneveu

Les trois couleurs de la France

Le BLEU c'était la couleur de la chape (manteau liturgique) portée par St Martin. évêque de Tours, lors de son inhumation. Né vers 316, d'un père tribun militaire romain, il embrasse à 15 ans le métier des armes et part servir en Gaule (à Amiens) dans la garde impériale. C'est là que se situe l'épisode bien connu du partage de son manteau. Rencontrant un indigent transi de froid, il sort son épée et partage en deux sa chamlyde (sorte de cape en laine attachée sur l'épaule et servant de manteau) et en donne la moitié au mendiant. Pourquoi une moitié seulement ? La tenue militaire du soldat romain ne lui appartenait en propre que pour moitié, l'autre moitié appartenait à Rome. Dès qu'il fut libéré de ses obligations au service de l'Empire et après avoir reçu le baptême, il fonde le premier monastère du pays, à Liguré. Puis, il devient évêque de Tours vers l'an 371. Dès après sa mort, en 397, son tombeau devient rapidement objet de vénération. Clovis qui a été baptisé par l'évêque de Reims, St Rémi, y vient en pèlerinage vers l'an 500. Il est frappé par la ferveur qui anime les pèlerins et par les miracles qu'ils attribuent à St Martin. Il décide alors d'adopter la chape du saint (manteau liturgique en forme de cape) comme emblème tutélaire de la nation française en devenir. Ses successeurs sur le trône de France prirent l'habitude de faire suivre cet- te chape, dans un oratoire itinérant, dans toutes les batailles (sa réputation de garante du succès des armes ne faisant à leurs yeux aucun doute) et ce jusqu'à la défaite de Poitiers en 1356 où le roi Jean II le Bon fut vaincu par Édouard (1e Prince Noir). Mais si elle disparut des champs de bataille, la couleur bleue restera toujours couleur référentielle des rois de France -on parlait de bleu de roi ou de bleu de France (ainsi le manteau royal du sacre était toujours bleu).

Le BLANC était, dès l'Antiquité, symbole de commandement suprême. Il devint celui des rois de France en particulier après que Jeanne d'Arc, en pleine guerre de cent ans, volant au secours du roi Char- les VII, délivrant Orléans et lui permettant de retrouver enfin sa légitimité en le conduisant pour son sacre à Reims, eut porté l'étendard blanc fleurdelisé d'or devenu signe du redressement de la France face aux Anglais. Au 16e siècle, il devint couleur de commande- ment pour qui agissait au nom du roi. Les Bourbons en firent leur couleur spécifique. D'ailleurs, nul n'a oublié les célèbres paroles prononcées par le premier d'entre eux, Henri IV, après son accession au trône de France, lors de la bataille d'Ivry en 1590 alors qu'il entraîne ses troupes : « ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours sur le chemin de l'honneur et de la victoire ». Tous les emblèmes furent, par la suite, ornés d'une cravate blanche. le blanc s'identifia donc, jusqu'à la fin de l'Ancien régime, plus à la Monarchie qui en avait fait sa marque personnelle qu'au peuple de France.

Le ROUGE c'était la couleur de l'oriflamme de l'abbaye de St Denis.

Elle évoquait le martyr de celui qui fut premier évêque de Lutèce (Paris). Il fut décapité sous le règne de l'empereur Valérien qui ordonna la persécution des chrétiens par ses Édits de 257 et 258, ne se doutant certainement pas alors que, deux ans plus tard, il serait lui aussi persécuté avant d'être mis à mort par l'empereur de Perse, Chahpuhr 1er dont ses armées allaient vaincre les légions romaines à Édesse. Deux siècles plus tard, Ste Geneviève retrouvait le lieu de la sépulture de St Denis et décidait de faire élever à cet emplacement un oratoire dédié au saint. Très vite, le peuple lui fit grande dévotion. Vers 630, le roi Dagobert fit élever à l'emplacement de l'oratoire un sanctuaire et un monastère. Ce dernier reçut très tôt un gonfalon (oriflamme) de couleur rouge, en souvenir de la tu- nique rougie du sang du martyr et enfin, au 12e siècle, les rois carolingiens firent édifier sur ces lieux la basilique de St Denis dans laquelle prit place l'oriflamme et dont la crypte accueillit, au cours des siècles suivants, les tombeaux des rois de France. Mais le rouge était aussi la couleur de la bannière de Charlemagne, reçue du Pape Léon III et qui s'identifia symboliquement à l'oriflamme de St Denis. Les rois carolingiens, puis capétiens, à l'instar de Charlemagne, prirent l'habitude de l'utiliser comme insigne de leur dignité souveraine. À ce titre, elle fut également présente sur les champs de bataille où se trouvait le roi et ce jusqu'à la défaite de Brenneville en 1119 où le roi Louis V1 (dit le gros) battu par les anglo-saxons s'enfuit en leur abandonnant la bannière royale (honte suprême). Mais, conscient qu'après Dieu St Denis était le Saint Patron du royaume de France, il se rendit à la basilique et s'empara de l'oriflamme sacrée. En 1124, il le fit porter sur le lieu où il devait livrer bataille à l'empereur germanique Henri V qui menaçait d'envahir la France et le repoussa. A partir de cette date, l'oriflamme fut de toutes les batailles, elle y côtoya la bannière bleue de St Martin et finit même par la remplacer et ce, jusqu'à la désastreuse défaite d'Azincourt en 1415 qu'infligea Henri VI d'Angleterre à Charles VI dit le fou. La couleur rouge symbolise égale- ment un des grands ordres royaux : celui de St Louis dont l'actuel ordre de la Légion d'Honneur est directement dérivé. Deux de ces trois couleurs furent mariées très tôt : le rouge et le bleu devinrent les couleurs de la ville de Paris. L'association remonte, semble tu-il à Etienne Marcel, prévôt des marchands au 14ème siècle. Le 13 juillet 1789, la milice parisienne, à l'instigation de La Fayette, adopta en signe de ralliement, une cocarde bleue et rouge. Le 17 juillet, le maire de la capitale, Bailly, recevant le roi Louis XVI et lui remettant, comme c'était la coutume à l'époque, les clés de la ville, offrit au roi une de ces cocardes, affirmant ainsi publiquement la victoire du peuple sur les privilégiés d'alors. En fixant celle-ci au côté de sa traditionnelle cocarde blanche, en signe de réconciliation éphémère entre le peuple et la monarchie, Louis XVI inaugura, ce faisant, ce qui allait de- venir nos couleurs nationales. Ces trois couleurs représentent les origines du peuple de France. Elles sont le symbole de la réconciliation nationale et soulignent, par leur juxtaposition, la part de chacune dans la continuité de notre peuple. Puissent les futures générations continuer à porter à notre drapeau, dont les couleurs ne sont nulle- ment marques décoratives mais bien l'expression de l'identité de notre pays, de notre histoire, le même respect que nous lui portons et que pour les mêmes principes qui nous ont guidés, qui ont guidé nos aînés dans les moments les plus tragiques et les plus tourmentés de   notre histoire, elles restent fidèles à notre emblème national et fières, elles aussi, d'être françaises.

 

Nota.. la loi de Juillet 2002 a créé le délit d'outrage au drapeau (man- que de respect, dérision, affront grave) et le réprime d'une peine maximum de 6 mois d'emprisonnement et de 7500 € d'amende.

 

Les paroles de la Marseillaise

 

REFRAIN

Aux armes, citoyens !
 Formez vos bataillons !
 Marchons, marchons !
 Qu'un sang impur...
 Abreuve nos sillons !

COUPLETS

I

Allons ! Enfants de la Patrie !
 Le jour de gloire est arrivé !
 Contre nous de la tyrannie,
 L'étendard sanglant est levé ! (Bis)
 Entendez-vous dans les campagnes
 Mugir ces féroces soldats ?
 Ils viennent jusque dans vos bras
 Égorger vos fils, vos compagnes
 
 REFRAIN

II

Que veut cette horde d'esclaves,
 De traîtres, de rois conjurés ?
 Pour qui ces ignobles entraves,
 Ces fers dès longtemps préparés ? (Bis)
 Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage !
 Quels transports il doit exciter ;
 C'est nous qu'on ose méditer
 De rendre à l'antique esclavage !
 
 REFRAIN

III

Quoi ! Des cohortes étrangères
 Feraient la loi dans nos foyers !
 Quoi ! Des phalanges mercenaires
 Terrasseraient nos fiers guerriers ! (Bis)
 Dieu ! Nos mains seraient enchaînées !
 Nos fronts sous le joug se ploieraient !
 De vils despotes deviendraient
 Les maîtres de nos destinées !
 
 REFRAIN

IV

Tremblez, tyrans et vous, perfides,
 L'opprobre de tous les partis !
 Tremblez ! Vos projets parricides
 Vont enfin recevoir leur prix. (Bis)
 Tout est soldat pour vous combattre.
 S'ils tombent, nos jeunes héros,
 La terre en produira de nouveaux
 Contre vous tout prêt à se battre.
 
 REFRAIN

V

Français, en guerriers magnanimes
 Portons ou retenons nos coups !
 Épargnons ces tristes victimes,
 A regret, s'armant contre nous ! (Bis)
 Mais ce despote sanguinaire !
 Mais ces complices de Bouillé !
 Tous ces tigres qui, sans pitié,
 Déchirent le sein de leur mère !
 
 REFRAIN

VI

Amour sacré de la Patrie
 Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
 Liberté ! Liberté chérie,
 Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
 Sous nos drapeaux que la Victoire
 Accoure à tes mâles accents !
 Que tes ennemis expirants
 Voient ton triomphe et notre gloire !
 
 REFRAIN

***

COUPLET DES ENFANTS

Nous entrerons dans la carrière,
 Quand nos aînés n'y seront plus ;
 Nous y trouverons leur poussière
 Et la trace de leurs vertus. (Bis)
 Bien moins jaloux de leur survivre
 Que de partager leur cercueil
 Nous aurons le sublime orgueil
 De les venger ou de les suivre.
  
 REFRAIN

 

Version imprimable | Plan du site
© UNION NATIONALE DES COMBATTANTS - FEDERATION DE LA MOSELLE